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:::: Mon voyage chez les potières de Tatiko au Nigéria ::::
Toutes les femmes sont potières de mères en filles. Dès leur plus jeune âge, les filles apprennent en imitant le travail de leur mère. En rythme sur le dos des femmes, les enfants connaissent déjà la cadence du travail et les mouvements de la potière. Les plus jeunes commencent par piler la terre, puis la portent de la carrière au village. Ensuite les jeunes potières font des tirelires toutes la journée, assises par terre, elles fabriquent des montagnes de boules pour une fête religieuse. Plus elles avancent en âge, plus grandes sont les pièces qu'elles apprennent à façonner.
Toutes les familles ont leur propre aire de cuisson, plus ou moins grande selon le nombre de femmes, donc selon la production. Les pots servent à conserver l’eau au frais, à cuisiner, à garder la nourriture (« grenier »).
::Le processus de cuisson
A même le sol, sur un lit de branchages et de paille, les pots sont installés du plus grand au plus petit (la tirelire), protégés par des pots cassés pour ne pas subir de choc thermique par la flamme directe et donc, en éviter la casse. Les pots sont empilés les uns sur les autres en cercle pyramidal, les branches et la paille recouvrent le tout. La cuisson doit monter lentement au début, pour éliminer l’eau de l’argile chamotée (par des morceaux de pots cuits cassés). La cuisson continue, les derniers degrés sont atteints (900°) en accélérant la charge de paille et de branchages. Il faut aller vite pour économiser le combustible. Les pièces sont polies et les pores de la terre sont ainsi refermés. Dans certains villages, les potières appliquent une décoction pour colorer la pièce (écorces, jus de plantes : village du Nigéria Pendogori, Edo) au moment du défournement sur les pièces encore chaudes.
Chaque jour, les potières ont un rythme de travail soutenu : elles vont tout d'abord chercher la terre à quelques kilomètres du village : les mères creusent à l’aide de pioches et les filles portent, dans des bassines, l’argile à faire tremper dans l’eau. Elles pilent la terre et ajoutent de la chamotte (avec des pièces cuites, cassées en poudre afin de renforcer la résistance thermique) puis commencent à façonner. Les impuretés, les cailloux, sont éliminés en gros à la main.
:: La Jarre Africaine
A partir d’un cône (forme pain de sucre) elles creusent avec le poing et tire la terre pour la monter droite en tournant harmonieusement autour de la jarre. Ensuite elles lissent la matière avec un morceau de calebasse en guise d’estèque et ferment progressivement la poterie. En repoussant à la main l’intérieur du pot tout en tournant en rythme régulier, les potières gonflent la panse de la jarre. Le col est lissé avec un torchon humide tout en tournant avec dextérité autour du pot. Le col durcit ; la jarre est retournée afin de pousser au poing le fond qui doit être arrondi ou en pointe (afin de le caller dans la terre). Les décors sont posés avec une engobe rouge (hématite) au fer et polie au galet. Chaque trait est différent selon la potière et signe la pièce. Les décors terminés, la pièce est séchée et préchauffée avec du bois brûlé à l’intérieur de la jarre tout doucement. Puis les pièces sont installées sur l'air de cuisson (enfournement).
La cuisson des pièces débute en fin d’après-midi et se défourne au petit matin, elles seront ensuite portées dans de gros sacs en toile de jute jusqu'au marché local. Le jour du marché, ce sont les anciennes qui vendent, les plus jeunes préparent la cuisine, les coiffures et le henné. La semaine reprend à la carrière ; il n'y a pas un jour de répit.
:::: Projet dans les villages de potières du Bénin avec le centre culturel Ouadada ::::